De nouveaux traitements pour le diabète pourraient résider dans les produits métaboliques de la flore intestinale:
Dans une étude publiée dans la revue « Cell Reports », des chercheurs de l’Université McGill, de l’Université de Kyoto et de l’INSERM / Université de Paris montrent qu’un composé organique produit par la flore intestinale, le métabolite 4-crésol, présente des effets protecteurs contre le diabète de type 1 et de type 2 en stimulant la prolifération et la fonction des cellules bêta productrices d’insuline dans le pancréas. Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles options thérapeutiques qui pourraient améliorer la situation de millions de patients.
En 2019, “Diabète Canada” a signalé qu’un Canadien sur trois souffrait de diabète ou de prédiabète. Cette maladie, dont la prévalence continue d’augmenter, est associée à un risque accru de développer des pathologies cardiovasculaires, ce qui en fait un problème de santé publique majeur. Il est donc essentiel de développer et d’améliorer les traitements pour ces patients. Des études récentes ont montré que les formes fréquentes de diabète sont causées par des mutations dans plusieurs gènes et par des influences environnementales et des variations de la composition de la flore intestinale.
Des travaux collaboratifs menés par des chercheurs de l’Université McGill, de l’Université de Kyoto et de l’Inserm / Université de Paris renforcent ces résultats. Ces travaux ont révélé une association entre le diabète et le métabolite 4-crésol, un composé organique produit par la flore intestinale et également présent dans certains aliments.
Les chercheurs ont d’abord mené une étude de profilage métabolique pour identifier les changements quantitatifs des métabolites présents dans le corps, en utilisant des échantillons de sang de 148 adultes, dont certains étaient diabétiques. L’idée: identifier les marqueurs pouvant être associés à la maladie. «Nous avons constaté que le 4-crésol était d’un réel intérêt. Ce produit du métabolisme de la flore intestinale semble être un marqueur de résistance au diabète. En particulier, les concentrations de 4-crésol dans le sang sont plus faibles chez les patients diabétiques que chez les non -des personnes diabétiques », explique François Brial, chercheur Inserm et premier auteur de l’étude.
En travaillant avec des modèles de diabète et d’obésité chez le rat et la souris, les chercheurs ont ensuite testé les effets du 4-crésol sur les signes du diabète et sur la fonction des cellules bêta pancréatiques, qui sécrètent l’hormone insuline, dont le rôle est de maintenir l’équilibre des niveaux de glucose. Dans le sang. Les cellules bêta sont épuisées au cours de la maladie.
Options de traitement :
L’effet d’un traitement à faible concentration de 4-cresol sur le diabète
L’équipe a ainsi montré qu’un traitement chronique à faible concentration de 4-crésol conduit à une amélioration du diabète. En particulier, les chercheurs ont observé une réduction de l’obésité et de l’accumulation de graisses dans le foie, ainsi qu’une augmentation de la masse pancréatique et une forte stimulation de la sécrétion d’insuline et de la prolifération des cellules bêta pancréatiques.
“Bien qu’il y ait actuellement un manque de thérapies pour stimuler la prolifération des cellules bêta pancréatiques et améliorer la fonction des cellules bêta afin de restaurer la sécrétion d’insuline, ces résultats sont particulièrement encourageants. De plus, ils confirment l’impact de la flore intestinale sur la santé humaine, démontrant le rôle bénéfique d’un métabolite produit par les bactéries intestinales, et ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques dans le diabète, l’obésité et la stéatose hépatique », explique Dominique Gauguier, chercheur à l’INSERM / Université de Paris et auteur principal de la nouvelle étude.
Désormais, l’objectif immédiat des chercheurs est d’appliquer la même technologie pour identifier les biomarqueurs métaboliques associés à d’autres pathologies, dont les maladies rares.
Les patients se voient constamment proposer de nouvelles options thérapeutiques, même lorsque les mécanismes d’action de ces traitements ne sont pas encore bien compris ou lorsqu’ils impliquent des techniques lourdes et invasives.
L’objectif de l’étude:
“Notre objectif est de développer des approches thérapeutiques qui permettent une modulation fine de la flore intestinale, en favorisant la prolifération de” bonnes “bactéries dont la fonction est bien comprise et donc la production de métabolites bactériens à des doses thérapeutiques”, conclut Gauguier, également professeur adjoint au Département de génétique humaine de McGill.
Sources :
Francois Brial et al. The Natural Metabolite 4-Cresol Improves Glucose Homeostasis and Enhances β-Cell Function, Cell Reports (2020). DOI: 10.1016/j.celrep.2020.01.066